J’ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline. Dans l’âpre escarpement qui sur le flot s’incline, L’ombre baignait les flancs du morne promontoire ; Des voiles s’enfuyaient, au loin diminuées ; J’ai cueilli cette fleur pour toi, ma bien-aimée. Moi, j’ai dit : « Pauvre fleur, du haut de cette cime, Le vent mêlait les flots ; il ne restait du jour
Que l’aigle connaît seul et peut seul approcher,
Paisible, elle croissait aux fentes du rocher.
Je voyais, comme on dresse au lieu d’une victoire
Un grand arc de triomphe éclatant et vermeil,
À l’endroit où s’était englouti le soleil,
La sombre nuit bâtir un porche de nuées.
Quelques toits, s’éclairant au fond d’un entonnoir,
Semblaient craindre de luire et de se laisser voir.
Elle est pâle, et n’a pas de corolle embaumée.
Sa racine n’a pris sur la crête des monts
Que l’amère senteur des glauques goëmons ;
Tu devais t’en aller dans cet immense abîme
Où l’algue et le nuage et les voiles s’en vont.
Va mourir sur un cœur, abîme plus profond.
Fane-toi sur ce sein en qui palpite un monde.
Le ciel, qui te créa pour t’effeuiller dans l’onde,
Te fit pour l’océan, je te donne à l’amour. »
Qu’une vague lueur, lentement effacée.
Oh ! comme j’étais triste au fond de ma pensée
Tandis que je songeais, et que le gouffre noir
M’entrait dans l’âme avec tous les frissons du soir !
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