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Jean de La Fontaine : Biographie du poète Jean de La Fontaine

Né au cœur du XVIIe siècle, Jean de La Fontaine s’impose comme une figure incontournable de la littérature française, principalement par ses Fables qui ont traversé les siècles avec une vitalité étonnante. Ce poète et écrivain, guidé par une maîtrise du vers et de la langue, a su redonner vie à une tradition antique en la mêlant à une observation sensible et souvent ironique de la nature humaine. Dans sa carrière, il explore également divers genres tels que le conte, la comédie, ou encore la poésie licencieuse, révélant un homme aux multiples facettes mais toujours attaché à une morale profonde, bien que parfois teintée de liberté. Aujourd’hui, regarder l’œuvre de La Fontaine revient à sonder les mécanismes de la société classique à travers le prisme animalier et mythologique, où chaque fable recèle un enseignement sur les travers et vertus humaines. Un parcours littéraire qui mêle inextricablement sa quête personnelle, ses alliances et ses contradictions, jusqu’à l’ultime reconnaissance de son talent au sein de l’Académie Française.

Les premières années : naissance et éducation de Jean de La Fontaine

Jean de La Fontaine voit le jour le 8 juillet 1621 à Château-Thierry, en Champagne. Issu d’une famille bourgeoise, son père détient une fonction administrative de maître des Eaux et Forêts et capitaine des Chasses, tandis que sa mère provient du Poitou. Ce milieu à la fois rural et relativement aisé va profondément marquer le jeune homme, en l’immergeant dans un environnement où la nature occupe une place prépondérante, thème qui nourrira son œuvre future, notamment ses célèbres Fables.

À Château-Thierry, La Fontaine bénéficie d’une formation classique axée sur l’apprentissage du latin, langue incontournable pour tout lettré de l’époque, mais il semble délaisser le grec, peut-être par manque d’intérêt ou d’opportunité. À vingt ans, il part pour Paris poursuivre ses études à l’Oratoire, une institution prestigieuse, mais il abandonne rapidement cette voie après seulement dix-huit mois. Plus attiré par la lecture et le calme que par la discipline rigoureuse des maîtres, il s’adonne à des lectures qui ne cadrent pas toujours avec les attentes religieuses de ses professeurs. Cette insoumission intellectuelle préfigure l’esprit libre qui caractérisera toute sa production littéraire.

Son éducation, bien que classique, ne limite pas La Fontaine dans son goût pour la poésie et la littérature. Il s’inspire également des auteurs antiques et contemporains, et manifeste un penchant pour les écrits à la fois raffinés et légers, en particulier ceux de Malherbe, Benserade et Voiture. Ces influences déterminent son premier style d’écriture, qui privilégie la concision et la clarté dans le respect des formes classiques. En parallèle, ses lectures alimentent son goût pour une littérature qui mêle divertissement et morale, base même de ses futures créations.

Étapes Lieu Âge Événements majeurs
Naissance à Château-Thierry Château-Thierry 0 an Entrée dans une famille bourgeoise avec un père maître des Eaux et Forêts
Études classiques au collège Château-Thierry Enfance et adolescence Apprentissage du latin, peu d’intérêt pour le grec
Éducation à l’Oratoire de Paris Paris 20 ans Entrée et sortie rapide en raison de désaccords avec la discipline
  • Naissance dans un contexte provincial mais bourgeois
  • Formation classique orientée vers le latin
  • Esprit libre face à l’éducation religieuse strict
  • Goût précoce pour la poésie et la littérature

Les débuts dans la vie adulte : mariage, études de droit et premières œuvres

La Fontaine entre dans l’âge adulte marqué par un mariage peu heureux en 1647 avec Marie Héricart, union qui semble davantage dictée par la commodité sociale que par l’amour véritable. Ce mariage lui donnera un garçon en 1653, mais ne l’empêchera pas de poursuivre une vie littéraire et intellectuelle intense, reflet de sa nature indépendante.

Afin d’assurer sa place dans la société, il s’oriente vers le droit et devient avocat en 1649, inscrivant son nom au Parlement de Paris. Cependant, le domaine juridique ne semble pas complètement le satisfaire, d’autant plus qu’en héritant de la charge de maître des Eaux et Forêts de son père en 1652, il se voit contraint à une tâche administrative exigeante. Cette fonction, qu’il abandonnera finalement en 1672, l’oblige à un équilibre délicat entre travail officiel et passion créative.

C’est dans cette période que s’affirme sa plume. Il découvre à Paris les cercles littéraires, notamment la fameuse « Table Ronde », où il fréquente des compagnons d’écriture tels que Furetière et les frères Tallemant de Réaux. Ses premières œuvres témoignent d’une approche variée : il commence par des vers, des ballades et des épîtres, puis s’essaie au théâtre avec la comédie « L’Eunuque » en 1654 et la tragédie « Clymène » en 1659. Par ailleurs, son poème héroïque « Adonis » publié en 1658 reçoit les faveurs du surintendant Nicolas Fouquet, qui deviendra un protecteur important et influent en lui ouvrant les portes d’un mécénat précieux.

Production littéraire Année Genre Impact
L’Eunuque 1654 Comédie Première incursion dans le théâtre
Clymène 1659 Tragédie Recherche d’une place dans la scène dramatique
Adonis 1658 Poème héroïque Obtention du soutien de Fouquet
  • Union matrimoniale peu épanouissante avec Marie Héricart
  • Obtention du diplôme d’avocat en 1649
  • Héritage et exercice du métier de maître des Eaux et Forêts
  • Développement de ses premières œuvres en poésie et théâtre
  • Formation d’un réseau littéraire à Paris

Les fables de La Fontaine : refléter la société du XVIIe siècle à travers l’animalier

Au cœur de son œuvre, les Fables s’élèvent comme un monument de la littérature française du XVIIe siècle, mais aussi comme une expression vivace de la morale et des travers humains. En s’inspirant des fabulistes antiques tels qu’Ésope, Phèdre et Épicure, La Fontaine épouse une tradition antique et populaire, puisant également dans la poésie rustique pour renouveler ce genre avec un style élégant et naturel.

Ses fables, mêlant ruse, philosophie et un humour subtil, utilisent le règne animalier comme miroir des comportements humains. C’est dans ce miroir que La Fontaine expose les défauts et les vertus, en mettant en scène des animaux, mais avec un arrière-plan social manifeste. L’exemple classique de « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf » illustre cette méthode : au-delà de l’histoire simple, la morale s’adresse à ses contemporains, soulignant la vanité et les ambitions démesurées.

La publication progressive de ses recueils de Fables commence en 1668, soutenue par la duchesse de Bouillon, sa protectrice, qui lui offre un appui indispensable dans le monde parisien. Il publie jusqu’à 1678, composant un ensemble de douze mille vers, tous organisés en plusieurs livres qui vont du premier au douzième en incluant la dernière édition en 1694. La Fontaine introduit ainsi une nouveauté : mêler la simplicité populaire à un style raffiné esthétique.

Recueil Année Caractéristique Remarque
Premier livre des Fables 1668 Présentation des premiers contes animaliers Fonde le genre avec des morales explicites
Second livre des Fables 1678 Édition illustrée en quatre tomes Consolidation du succès critique
Douzième livre 1694 Dernière publication Renouveau créatif tardif
  • Utilisation d’animaux pour traduire des traits humains
  • Morales souvent ouvertes à diverses interprétations
  • Appui d’un mécénat féminin puissant, la duchesse de Bouillon
  • Contribution déterminante à la tradition et au genre du conte
  • Succès littéraire durable grâce à la qualité narrative et stylistique

Les recueils de contes et la littérature licencieuse au XVIIe siècle

Au-delà des Fables, Jean de La Fontaine s’est également illustré dans la rédaction de contes, souvent à tendance libertine, qui complètent son œuvre poétique et participent à l’évolution de la littérature française classique. Ces contes, élaborés principalement entre 1664 et 1674, s’inspirent de sources italiennes et antiques comme Boccace et Arioste. Ils montrent un La Fontaine plus féru de scènes réalistes, parfois érotiques, et d’une poésie plus libre que celle des Fables, qui plaisait aux cercles cultivés et aristocratiques.

Destinés notamment à la duchesse de Bouillon, ces textes furent autant un succès privé qu’une cause de controverses, forçant ensuite leur auteur à un certain reniement lors de son accession à l’Académie Française. Ce moment particulier de sa vie révèle la complexité du rapport entre la morale, la société et la création artistique au temps du Grand Siècle, où les écrivains devaient souvent ménager leurs mécènes et la législation en faveur des bonnes mœurs.

Recueils de contes Période Inspirations Caractéristiques
Contes et Nouvelles 1664-1674 Boccace, Arioste Libertinage poétique et réalisme
Œuvres licencieuses Après accession à l’Académie Contrainte de reniement Abandon des textes jugés critiques
  • Exploration de thèmes plus adultes et licencieux
  • Influence des traditions italienne et antique sur les contes
  • Accent mis sur la liberté stylistique et l’érotisme
  • Ambivalence morale et tensions avec la censure de l’époque
  • Support puissant de la duchesse de Bouillon dans la diffusion de ces œuvres

Le rôle et l’influence de l’Académie Française dans la vie de La Fontaine

Un des jalons majeurs de la vie de Jean de La Fontaine fut son arrivée à l’Académie Française en 1684. Cette institution, fer de lance de la régulation de la langue et de la culture française, constituait un aboutissement symbolique de l’ambition de toute vie littéraire au Grand Siècle. L’élection de La Fontaine au fauteuil de Colbert se fit dans un contexte politique et personnel complexe : le roi Louis XIV, peu favorable à l’écrivain en raison de son attachement à Nicolas Fouquet, marqua son opposition initiale.

La Fontaine avait postulé à l’Académie dès 1681, mais fut d’abord refusé. La mort de Colbert en 1683 ouvrit un siège où il rivalisa avec Boileau, autre géant de la poésie classique. Après de nombreux votes et malgré les réticences royales, il fut finalement admis en 1684, période à partir de laquelle il dû renier publiquement ses œuvres licencieuses, geste symbolique et douloureux pour un écrivain aussi libre dans ses écrits. Ce reniement marque la tension entre création et contrainte morale.

À l’Académie, il s’affirma comme un membre assidu, participant activement aux séances et débats, notamment à la célèbre Querelle des Anciens et des Modernes, où il défendit vigoureusement le primat des Anciens, illustrant ainsi son attachement à la tradition classique. Dans ce cercle, il côtoya des figures majeures telles que Boileau, Perrault, et Furetière, ainsi que les grandes femmes de lettres comme Mme de Sévigné et Mme de La Fayette, consolidant ainsi son statut d’écrivain classique incontournable.

Événements Année Impact
Première candidature 1681 Refus initial à cause du contexte politique
Admission à l’Académie 1684 Reconnaissance officielle et reniement des œuvres libertines
Participation à la Querelle des Anciens et Modernes 1680s Défense de la tradition classique
  • Long processus d’intégration marqué par des enjeux politiques
  • Conflit entre ambitions personnelles et contraintes morales
  • Engagement actif dans la défense de la tradition littéraire
  • Fréquentation de salons littéraires influents
  • Renforcement de son image d’écrivain classique

Les relations et réseaux littéraires dans l’ascension de La Fontaine

La fortune littéraire de Jean de La Fontaine s’appuie largement sur ses relations avec des contemporains aussi talentueux qu’influents, mais aussi sur la sollicitude de divers mécènes qui ont jalonné sa carrière. Son arrivée à Paris marque l’intégration dans un cercle où l’échange d’idées et la fréquentation de salons jouent un rôle déterminant pour la diffusion des œuvres, comme ce fut courant pour les écrivains classiques du Grand Siècle.

En particulier, son amitié avec des figures telles que Molière, Boileau, et Racine contribue à renforcer son prestige. Le soutien de la duchesse de Bouillon, puis de la duchesse d’Orléans, lui assure un appui noble et financier indispensable à la parution et à la diffusion de ses fables et contes. Plus tard, la maison de Mme de la Sablière lui offre un havre de paix où il poursuit son travail en toute liberté. Cette proximité avec les milieux aristocratiques et intellectuels nourrit son inspiration et garantit à ses œuvres une réception privilégiée.

Alliés Type de relation Rôle dans la carrière de La Fontaine
Molière, Boileau, Racine Amis et confrères Renforcement du prestige personnel
Duchesse de Bouillon Mécène Protection et soutien financier
Duchesse d’Orléans Mécène Soutien pour la publication de ses ouvrages
Madame de la Sablière Protectrice et amie Refuge et environnement propice au travail
  • Réseau littéraire vibrant et dynamique
  • Mécénat féminin essentiel pour la diffusion des œuvres
  • Collaboration avec d’autres grands écrivains classiques
  • Connexion avec les salons aristocratiques
  • Confiance artistique assurée par un cercle d’amitiés solides

La Fontaine et son influence sur la poésie française classique et moderne

Jean de La Fontaine a laissé une empreinte durable sur la poésie et la littérature française, incarnant à la fois l’apogée du classicisme et un souffle renouvelé qui inspire encore au XXIe siècle. Par la précision de ses vers, la vigueur de ses portraits animaliers et la finesse de la morale qu’il délivre, il s’inscrit parmi les plus grands écrivains du XVIIe siècle.

Ses œuvres ont contribué à établir la fable comme un genre littéraire noble, mêlant plaisirs esthétiques à l’enseignement moral, et inspirant les générations suivantes de poètes et auteurs. De nombreux écrivains modernes, comme ceux présentés sur le site dédié aux poètes, reconnaissent dans La Fontaine une tradition à la fois classique et vivante, utile encore pour questionner le lien entre nature et société, liberté de création et contraintes sociales.

De plus, son travail d’adaptation constante des sources antiques au goût de son temps témoigne de sa capacité à allier héritage et innovation. Cela participe à la pérennisation de son œuvre qui, en 2025, bénéficie d’un regain d’intérêt, notamment dans les milieux éducatifs qui valorisent ses leçons sur la condition humaine et la critique sociale. La Fontaine se présente ainsi comme une figure charnière entre l’ère classique et la modernité littéraire.

Aspect Contribution Conséquence
Maîtrise du vers Élégance et fluidité du style Modèle pour les poètes classiques et modernes
Réinvention de la fable Genre mêlant humour, satire et morale Popularisation durable dans la littérature française
Adaptation des sources antiques Actualisation des thèmes et formes Souplesse entre tradition et innovation
  • Influence rémanente dans la poésie et la morale française
  • Inspirations toujours présentes dans la création contemporaine
  • Élégance du langage servant la pédagogie morale
  • Résonance dans la pédagogie et la culture populaire contemporaine
  • Reconnaissance internationale croissante

La fin de vie de Jean de La Fontaine : spiritualité et reniement des œuvres licencieuses

Les dernières années de Jean de La Fontaine sont marquées par des épreuves personnelles profondes et une reconfiguration de sa vie intérieure. À soixante et onze ans, la maladie vient le frapper, et la perte de la duchesse de la Sablière, son amie et protectrice, en janvier 1693, accentue son isolement et son découragement. Progressivement, il s’éloigne des plaisirs, cherchant refuge dans la lecture des Évangiles et des échanges avec les prêtres.

Sous l’influence de l’abbé Pouget, il passe par une confession publique et un reniement de ses contes aux contenus licencieux, acte qui eut pour but de concilier sa conscience religieuse avec sa vie littéraire. Ce geste, exigé pour pouvoir recevoir l’extrême-onction, illustre les tensions entre morale officielle et liberté créatrice dans la société de l’époque. Ce choix douloureux n’empêche néanmoins pas La Fontaine de continuer à publier, notamment avec la sortie du douzième livre de ses Fables en 1694.

Il s’éteint le 13 avril 1695 dans sa chambre parisienne, après avoir traversé une existence dense et contrastée, où s’entremêlent génie littéraire, succès, reniement et quête spirituelle. Son parcours, riche en émotions et en contradictions, laisse une trace indélébile dans la littérature française et dans le cœur des lecteurs contemporains, qui continuent à s’émerveiller de ses classiques.

Événements finaux Année Conséquences
Mort de la duchesse de la Sablière 1693 Perte d’un soutien moral majeur
Confession publique et reniement 1694 Acceptation d’une position morale orthodoxe
Publication du dernier livre des Fables 1694 Dernier souffle littéraire
Décès à Paris 1695 Fin d’une vie littéraire marquante
  • Éloignement progressif du monde profane
  • Réconciliation avec la foi chrétienne
  • Basculement vers une écriture pieuse
  • Certitude d’un héritage littéraire durable
  • Figure exemplaire entre liberté artistique et morale sociale
  • Quelle est l’importance des Fables dans la littérature française ?
    Les Fables de La Fontaine sont un pilier majeur de la poésie classique française, utilisant le règne animal pour transmettre des leçons morales qui restent encore pertinentes aujourd’hui, nourrissant toute une tradition didactique et artistique.
  • Comment La Fontaine a-t-il concilié ses œuvres licencieuses avec son appartenance à l’Académie ?
    Pour intégrer l’Académie Française, il a dû renier publiquement ses contes libertins, un reniement motivé par la pression sociale et religieuse de l’époque, illustrant ainsi le conflit entre liberté créative et respect des normes.
  • Quels sont les principaux thèmes abordés dans les Fables ?
    Les thèmes principaux englobent la ruse, la justice, la vanité, la sagesse, la naïveté, et plus largement les travers et vertus des hommes, exposés à travers des métaphores animales simples mais efficaces.
  • Quelles sont les influences majeures sur le style de La Fontaine ?
    Son style puise dans l’héritage des classiques antiques (Ésope, Phèdre) mais aussi dans les poètes français tels que Malherbe, Benserade et Voiture, combinant à la fois un respect des règles et une certaine liberté d’expression.
  • Quel est l’héritage de La Fontaine dans la poésie contemporaine ?
    Il incarne une tradition vivante en poésie, où la maîtrise du vers se conjugue à la capacité d’adresser des morales pertinentes, inspirant encore les artistes du XXIe siècle à travers une poésie qui allie esthétique et enseignement.

Pour approfondir la connaissance de la vie et des œuvres de Jean de La Fontaine, plusieurs ressources enrichissent l’étude dont

De même, s’intéresser aux vies d’autres poètes majeurs de la poésie française classique et moderne comme Guillaume Apollinaire, Jacques Prévert ou encore Paul Éluard permet d’éclairer le contexte littéraire et l’évolution des genres artistiques postulés par La Fontaine.