Sara, belle d’indolence, Et la frêle escarpolette Chaque fois que la nacelle, Elle bat d’un pied timide Reste ici caché : demeure ! Car c’est un astre qui brille Elle est là, sous la feuillée, On voit tout ce que dérobe L’eau sur son corps qu’elle essuie Mais Sara la nonchalante « Oh ! si j’étais capitane, « J’aurais le hamac de soie « Je pourrais folâtrer nue, « Il faudrait risquer sa tête « Puis, je pourrais, sans qu’on presse Ainsi se parle en princesse, L’eau, du pied de la baigneuse Et cependant des campagnes Chacune, en chantant comme elle, Juillet 1828.
Se balance
Dans un hamac, au-dessus
Du bassin d’une fontaine
Toute pleine
D’eau puisée à l’Ilyssus ;
Se reflète
Dans le transparent miroir,
Avec la baigneuse blanche
Qui se penche,
Qui se penche pour se voir.
Qui chancelle,
Passe à fleur d’eau dans son vol,
On voit sur l’eau qui s’agite
Sortir vite
Son beau pied et son beau col.
L’onde humide
Où tremble un mouvant tableau,
Fait rougir son pied d’albâtre,
Et, folâtre,
Rit de la fraîcheur de l’eau.
Dans une heure,
D’un œil ardent tu verras
Sortir du bain l’ingénue,
Toute nue,
Croisant ses mains sur ses bras.
Qu’une fille
Qui sort d’un bain au flot clair,
Cherche s’il ne vient personne,
Et frissonne
Toute mouillée au grand air.
Éveillée
Au moindre bruit de malheur ;
Et rouge, pour une mouche
Qui la touche,
Comme une grenade en fleur.
Voile ou robe ;
Dans ses yeux d’azur en feu,
Son regard que rien ne voile
Est l’étoile
Qui brille au fond d’un ciel bleu.
Roule en pluie,
Comme sur un peuplier ;
Comme si, gouttes à gouttes,
Tombaient toutes
Les perles de son collier.
Est bien lente
A finir ses doux ébats ;
Toujours elle se balance
En silence,
Et va murmurant tout bas :
Ou sultane,
Je prendrais des bains ambrés,
Dans un bain de marbre jaune,
Près d’un trône,
Entre deux griffons dorés !
Qui se ploie
Sous le corps prêt à pâmer ;
J’aurais la molle ottomane
Dont émane
Un parfum qui fait aimer.
Sous la nue,
Dans le ruisseau du jardin,
Sans craindre de voir dans l’ombre
Du bois sombre
Deux yeux s’allumer soudain.
Inquiète,
Et tout braver pour me voir,
Le sabre nu de l’heiduque,
Et l’eunuque
Aux dents blanches, au front noir !
Ma paresse,
Laisser avec mes habits
Traîner sur les larges dalles
Mes sandales
De drap brodé de rubis. »
Et sans cesse
Se balance avec amour,
La jeune fille rieuse,
Oublieuse
Des promptes ailes du jour.
Peu soigneuse,
Rejaillit sur le gazon,
Sur sa chemise plissée,
Balancée
Aux branches d’un vert buisson.
Ses compagnes
Prennent toutes le chemin.
Voici leur troupe frivole
Qui s’envole
En se tenant par la main.
Passe, et mêle
Ce reproche à sa chanson :
— Oh ! la paresseuse fille
Qui s’habille
Si tard un jour de moisson !
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